Il habite à Bel Air, quartier très
chic aux jardins luxuriants de Los Angeles, dans une grande maison
de bois pleine de gravures animalières. Avec son imposant collier
de barbe, ses 74 ans, il fait penser à un vieux prêcheur amish.
L'homme en impose. Il faut dire que ce professeur de géographie de
l'UCLA, la vénérable université de la "cité des anges",
biologiste évolutionniste réputé, fait à nouveau parler de lui
après l'échec du Sommet de la Terre, cet été à Rio, où aucune
mesure n'a été prise pour rendre notre planète plus durable.
Depuis, beaucoup se demandent si Jared
Diamond n'a pas raison. Si l'humanité ne court pas au désastre
écologique, danger contre lequel il nous a mis en garde dans son
essai Effondrement (2005). Dans ce best-seller mondial, âprement
discuté par l'élite scientifique, il montre comment, à plusieurs
reprises, les destructions de notre environnement ont contribué à
l'écroulement de sociétés. L'auteur va même jusqu'à parler
d'"écocide" : le génocide écologique. Si certains
critiquent son catastrophisme, Diamond donne des conférences dans
le monde entier, appelant l'humanité à se ressaisir.
DURABILITÉ ET AUTODESTRUCTION
Le sommet de Rio a montré qu'avec la
crise économique les exigences écologiques passent au second plan.
On vient pourtant d'apprendre – un exemple parmi d'autres – que
la banquise arctique risque de fondre avant 2020, que les glaciers
du Groenland sont menacés, ce qui va accélérer encore le
réchauffement et bouleverser la circulation des eaux océaniques.
Sommes-nous entrés dans un des scénarios tragiques décrits par
Jared Diamond dans Effondrement ? Il nous répond : "L'humanité
est engagée dans une course entre deux attelages. L'attelage de la
durabilité et celui de l'autodestruction. Aujourd'hui, les chevaux
courent à peu près à la même vitesse, et personne ne sait qui va
l'emporter. Mais nous saurons bien avant 2061, quand mes enfants
auront atteint mon âge, qui est le gagnant."
Si Jared Diamond est tellement écouté,
discuté et contesté, c'est parce qu'il a bouleversé le récit
classique de l'histoire, à travers trois ouvrages colossaux dans
lesquels il décrit en détail les rapports conflictuels
qu'entretient l'humanité avec la nature depuis 13 000 ans.
Avant Effondrement, il y a eu Le troisième chimpanzé (1992), qui
décrit les premiers méfaits d'homo sapiens sur la nature et nous
imagine un avenir difficile, et De l'inégalité parmi les sociétés
(1998), qui montre comment la géographie favorise ou pénalise le
développement de civilisations – cette somme lui a valu le prix
Pulitzer.
Avec Diamond, il devient impossible de
séparer l'aventure humaine de la géographie, de comprendre le
développement et le déclin des sociétés sans tenir compte des
ressources naturelles des pays, de leur exploitation et de leur
dégradation. Ecoutons-le : "On ne peut s'imaginer pourquoi ce
ne sont pas les Indiens d'Amérique du Nord qui ont conquis l'Europe
avec des caravelles portant mousquets et canons ou pourquoi les
Aborigènes australiens n'ont pas dominé l'Asie sans comparer les
richesses agricoles de ces régions, les animaux qui y vivent, la
lenteur avec laquelle s'est implantée l'agriculture, puis la pensée
technicienne et la gestion des ressources."
L'EXEMPLE DU CROISSANT FERTILE
Jared Diamond se penche aussi sur le
berceau de notre civilisation, ce fameux Croissant fertile (Iran,
Irak, Syrie, Liban, Jordanie, etc.) où est apparue pour la première
fois une société agricole, sédentaire, artisanale, outillée,
bientôt urbaine. Pour lui, ce miracle a été possible pour trois
raisons : "Le blé, l'orge, les pois chiches, les lentilles, le
lin y poussaient à l'état sauvage, qui ont pu être cultivés,
emmagasinés, et filés pour le lin. Cinq espèces d'animaux
essentiels à l'alimentation, au transport et aux travaux agricoles
vivaient là – les chiens, les moutons, les porcs, les bovins, le
cheval. Enfin, de grands fleuves et la Méditerranée ont permis que
leurs savoirs soient diffusés et perfectionnés." Diamond
compare ensuite le croissant fertile avec l'Australie de la même
époque : on n'y trouve aucun mammifère domesticable et juste une
noix cultivable.
Le biologiste entend réfuter toute
explication des inégalités humaines fondée sur une disparité
génétique ou raciale au sein des populations. Pour lui, rejoignant
les études de l'historien Fernand Braudel, seule la biogéographie
et l'écologie scientifique permettent de comprendre les énormes
différences dans la croissance des sociétés. Leur déclin
aussi... Le Croissant fertile s'est dégradé quand l'homme a
commencé à le déboiser pour construire des flottes de guerre,
amenant une désertification irrémédiable.
Pour étayer ses analyses, Jared
Diamond tient compte des mesures collectées par la paléoécologie
(études des biotopes passés), la palynologie (collecte des pollens
anciens), la dendrochronologie (datation par le bois), la
stratigraphie, la paléoclimatologie, la géochimie et la
paléogénétique afin d'étudier les rapports des populations à
leurs terres, de comprendre si les cultures furent trop intensives
ou durables. Il convoque aussi l'anthropologie médico-légale pour
décrire quel était l'état de santé des gens riches et des
pauvres, l'âge moyen, le travail des femmes, etc.
Il n'y a que lui pour vous expliquer
que l'agriculture, dès son apparition, n'a pas eu que des
conséquences favorables : "Des études paléo-alimentaires
montrent que les chasseurs-cueilleurs d'avant l'agriculture étaient
en meilleure santé et mieux nourris que les cultivateurs. Leur
régime était plus varié en protéines et en vitamines, ils
disposaient de plus de temps libre et ils dormaient beaucoup."
Du reste, les populations se méfiaient de l'agriculture. Elle n'a
été que lentement adoptée en Europe (un kilomètre par an) comme
aux Etats-Unis (les Amérindiens de Californie s'y refusèrent
jusqu'au XIXe siècle). Elle est synonyme, dès le début, de
mauvaise nutrition, d'épidémies et de maladies parasitaires, du
fait de la promiscuité et des eaux rejetées.
Ajoutons que l'agriculture a fait
naître une stratification sociale entre la masse des paysans en
mauvaise santé, où les femmes s'épuisent à enfanter et besogner
(les lésions sur les squelettes et les momies l'attestent), et une
élite peu productive qui gouverne (fonctionnaires, commerçants,
princes, prêtres, chefs de guerre). Diamond commente : "Cette
division perdure entre une élite mondiale en bonne santé, mangeant
de la viande, profitant des ressources pétrolières et des terres
des pays du Sud, et des paysans pauvres dont ils ont bien souvent
détruit l'agriculture vivrière." Cette situation, note-t-il,
se perpétue dans les pays du Sud, créant une insécurité
alimentaire. Résultat : "Plus d'un milliard d'habitants vivent
sous le seuil d'extrême pauvreté."
DES DIZAINES DE GÉNOCIDES
Pour l'Américain J. R. McNeill, de
l'université de Georgetown, comme pour d'autres historiens, Diamond
a bousculé les frontières de la discipline historique en
l'associant au champ des sciences naturelles. L'intéressé confirme
: "Je rapproche des sociétés passées et présentes en
observant leur croissance comme leur fragilité et je m'intéresse à
toutes les variables mesurables qui y contribuent. Je suis un
historien comparatif sur le long terme."
Son constat fait peur : depuis l'âge
de pierre, l'humanité n'a cessé de détruire d'autres espèces,
dévastant peu à peu toute la biodiversité. Jared Diamond admire
l'homme pour son génie inventif, mais il le voit aussi en
massacreur : "Quand les hommes franchissent le détroit de
Béring, 12 000 ans avant J. -C., et gagnent l'Amérique du Nord,
ils se livrent à un carnage inouï. En quelques siècles, ils
exterminent les tigres à dents de sabre, les lions, les
élans-stags, les ours géants, les bœufs musqués, les mammouths,
les mastodontes, les paresseux géants, les glyptodontes (des tatous
d'une tonne), les castors colossaux, les chameaux, les grands
chevaux, d'immenses troupeaux de bisons." Des animaux qui ont
survécu à trois glaciations périssent : 73 % des grands
mammifères d'Amérique du Nord, 85 % de ceux d'Amérique du Sud.
"Ce fut la disparition animale la plus massive depuis celle des
dinosaures, continue Jared Diamond. Ces bêtes n'avaient aucune
expérience de la férocité d'homo sapiens. Ce fut leur malheur.
Depuis, nous avons encore fait disparaître d'innombrables espèces."
Tuer en série, de façon concertée,
les loups et les grands singes le font. Mais l'homme massacre dans
des proportions inégalées. A toutes les époques, souvent pour des
questions de territoire, mais aussi ethniques (racisme) et
psychologiques (désignation d'un bouc émissaire, infériorisation
de l'autre), l'homme a cherché à anéantir ses rivaux et les
minorités. Des dizaines de génocides, combinant traques,
massacres, épidémies, à plus ou moins grande échelle, ont eu
lieu de tout temps, partout.
Si le génocide des juifs et des
Tziganes reste dans les mémoires, n'oublions pas, précise-t-il,
qu'il nous a peu appris : "On décompte depuis 1950 vingt
épisodes de génocides, dont deux ont concerné plus d'un million
de victimes [Bangladesh et Cambodge dans les années 1970], et
quatre plus de 200 000 [Soudan et Indonésie dans les années 1960,
Burundi et Ouganda dans les années 1970]. Le génocide fait partie
de notre héritage pré-humain et humain."
LE DÉCLIN DES MAYAS
Jared Diamond s'est aussi intéressé
aux civilisations qui se sont écroulées, se demandant si la nôtre
est menacée. Aussi, les pages d'Effondrement qui résonnent le plus
avec les inquiétudes d'aujourd'hui sont celles qui traitent des
civilisations disparues, où la destruction de l'environnement a
beaucoup compté : celle de l'île de Pâques, des îles d'Henderson
et de Pitcairn, celle des Amérindiens Anasazi du sud-ouest des
Etats-Unis, des Vikings du Grand Nord.
Et surtout l'empire des Mayas. Diamond
montre comment ces derniers ont coupé les arbres jusqu'au sommet
des collines afin de fabriquer du plâtre, tout en pratiquant la
culture intensive du maïs. Il nous raconte la suite : "Cette
déforestation a libéré les terres acides qui ont ensuite
contaminé les vallées fertiles, tout en affectant le régime des
pluies. Finalement, entre 790 et 910, la civilisation maya du
Guatemala, qui connaissait l'écriture, l'irrigation, l'astronomie,
construisait des villes pavées et des temples monumentaux, avec sa
capitale, Tikal, de 60 000 habitants, disparaît. Ce sont 5 millions
d'habitants affamés qui quittent les plaines du Sud, abandonnant
cités, villages et maisons. Ils fuient vers le Yucatan, ou
s'entre-tuent sur place."
Diamond a dégagé de ses études des
"collapsus" (du latin lapsus, "la chute") "cinq
facteurs décisifs", qu'il dit retrouver dans chaque
effondrement, et parle d'un "processus d'autodestruction la
plupart du temps inconscient". Quels sont ces facteurs ? Un :
les hommes infligent des dommages irréparables à leur
environnement, épuisant des ressources essentielles à leur survie.
Deux : un changement climatique perturbe l'équilibre écologique,
qu'il soit d'origine naturelle ou issu des suites des activités
humaines (sécheresse, désertification). Trois : la pression
militaire et économique de voisins hostiles s'accentue du fait de
l'affaiblissement du pays. Quatre : l'alliance diplomatique et
commerciale avec des alliés pourvoyant des biens nécessaires et un
soutien militaire se désagrège. Cinq : les gouvernements et les
élites n'ont pas les moyens intellectuels d'expertiser
l'effondrement en cours, ou bien l'aggravent par des comportements
de caste, continuant à protéger leurs privilèges à court terme.
Jared Diamond a appliqué cette grille
à notre époque. "On retrouve les cinq facteurs dans les
désastres du Rwanda, de l'Afghanistan, en Somalie, en Afrique
subsaharienne, dans les îles Salomon et en Haïti." Il repère
encore le "facteur un" (dommages majeurs causés à
l'environnement) associé au "facteur deux" (réchauffement
climatique d'origine humaine) en Chine, en Russie et en Australie.
Il déplore aussi la dégradation écologique du Montana, hier
l'Etat le plus boisé des Etats-Unis, dont les neiges éternelles
fondent.
Il dresse une longue liste des
dommages écologiques qui menacent à court terme la biosphère : la
crise de l'eau potable, qui concerne un milliard de personnes,
tandis que les nappes phréatiques baissent ; la destruction des
marais, des mangroves, des récifs de corail, des pépinières
naturelles ; la disparition massive des grosses espèces de poissons
marins, la dévastation des fonds des océans ; la désertification
des sols et le recul des dernières grandes forêts dans les zones
tropicales ; le massacre du fait des défoliants de quantité
d'espèces utiles comme les insectes pollinisateurs, les bactéries
des sols, les vers de terre, les oiseaux : "C'est comme si on
retirait au hasard des petits rivets dans l'assemblage d'un avion",
commente-t-il. Enfin, l'incertitude sur l'amplitude du réchauffement
terrestre l'inquiète beaucoup : "Nous ne savons rien
d'éventuels nouveaux changements climatiques consécutifs à la
modification de la circulation océanique comme à la fonte de la
couverture glaciaire."
Il rejoint ici les peurs des
glaciologues et des climatologues à la suite de la disparition
rapide de la banquise arctique, constatée fin août par la NASA.
Elle a été réduite de moitié en trente ans. Tous se demandent
quelles vont être les répercussions sur le climat. Beaucoup
annoncent déjà un accroissement de chaleur et d'humidité, des
variations plus fortes des températures, voire des extrêmes
inconnus. Sans pouvoir préciser leur impact. Des chercheurs parlent
d'une rapide "modification du système des tempêtes dans
l'hémisphère Nord". D'autres redoutent un "effet domino"
incontrôlable : le rôle de miroir solaire des glaces s'atténuant,
le rayonnement va s'aggraver, les glaces vont fondre partout, le
Groënland sera touché à court terme, ce qui va accélérer la
montée des eaux tout en libérant d'énormes quantités de méthane,
gaz à effet de serre puissant. Selon Peter Wadhams, un des
spécialistes de l'océan polaire, "il ne sera plus possible de
faire quoi que ce soit d'ici dix ans".
Aux Etats-Unis, William Rees,
professeur d'écologie à l'université Columbia, a présenté
Effondrement comme "un antidote nécessaire" aux
écosceptiques. Les climatologues et les chercheurs pour qui nous
sommes entrés dans l'"anthropocène" - l'ère où les
activités humaines constituent une puissante et dangereuse force
géologique et climatique - voient en lui un allié. Quant aux
écologistes politiques, ils l'associent au philosophe allemand Hans
Jonas, qui, dans Le Principe responsabilité (1979), a mis en garde
l'humanité contre "l'irréversibilité" et
"l'interdépendance" des atteintes faites à
l'environnement.
Les opposants à Diamond ne manquent
pas. Des historiens lui reprochent son catastrophisme, d'autres
d'accorder trop d'importance aux impacts écologiques, d'autres
encore de négliger les causes sociales, politiques, bureaucratiques
et religieuses des déclins des sociétés. Beaucoup préfèrent
s'en tenir aux analyses faites par l'Anglais Arnold Toynbee dans A
Study of History (1934-1961), pour qui "les civilisations
meurent de suicide, pas d'assassinat", du fait de la
dégénérescence d'élites profitant de "privilèges
héréditaires qu'elles ont cessé de mériter", devenant
incapables de s'adapter aux menaces nouvelles.
INNOVER FACE AUX DANGERS
Face au désastre annoncé, certains
opposent les travaux de l'archéologue Joseph Tainter dans The
Collapse of Complex Societies (1990), où il affirme que les
sociétés élaborées ont su gérer "l'adversité
environnementale" grâce à leur "administration
centralisée". Ce dernier ne peut croire à "l'idiotie des
élites face au désastre". Un groupe d'anthropologues
américains a publié en 2009 Questioning Collapse, où ils
recensent nombre d'erreurs et d'exagérations faites par Diamond
dans sa présentation du déclin des Mayas, mais, surtout, où ils
défendent la capacité de résilience des sociétés menacées.
C'est là un argument récurrent des opposants aux thèses
d'Effondrement : l'ouvrage oublie le principe d'espérance,
sous-estime le génie humain et sa propension à réagir, à avoir
un sursaut, à innover face aux dangers.
Ces critiques sur son pessimisme,
Jared Diamond les écarte : "On oublie le sous-titre de mon
livre : 'Comment les sociétés décident de leur disparition ou de
leur survie'. Nous avons encore le choix... Dans Effondrement, je
décris plusieurs sociétés qui ont su déjouer les drames
environnementaux, comme les Japonais sauvant leurs forêts à
l'époque d'Edo et les Néerlandais avec leurs polders. D'où ma
métaphore : 'Nous devons penser la planète comme un polder.'"
Quant aux arguments de Tainter sur le
sursaut des élites, Jared Diamond aimerait y croire. Mais il
reproche à cet historien de ne pas voir "l'aveuglement des
chefferies", qui mènent une vie protégée, comme la classe
riche d'Haïti perchée sur la colline de Piétonville, au-dessus de
Port-au-Prince dévasté. Et quand on lui reproche de donner trop
d'importance à la géographie et à l'écologie, Diamond a cette
formule : "Allez vous promener nu au pôle Nord ou sous un
soleil brûlant, ou encore faites-y pousser du blé, et ensuite
revenez me parler du faible rôle du climat sur l'Histoire et
l'esprit humain."
Certains critiques reprochent à Jared
Diamond d'exagérer les risques de surpopulation, les dramatisant à
l'excès, d'incarner ce mépris occidental pour les habitants des
pays du Sud qui entendent consommer comme nous, et de ne pas
s'intéresser aux solutions concrètes que ces pays du Sud pourraient
inventer. "La population n'est pas le problème, mais ce qu'elle
consomme et dégrade, oui, répond Jared Diamond. Si les hommes
vivaient dans une chambre froide, nous n'aurions aucun problème de
ressource."
Il fait cette comparaison : "Le
Kenya a une population qui croît de plus de 4 % par an. C'est un
problème pour les 30 millions d'habitants de ce pays qui souffrent
de malnutrition, mais pas un fardeau pour le reste du monde, car les
Kenyans consomment peu. Le problème, ce sont les 300 millions
d'Américains qui, chacun, consomment autant que 32 Kenyans. Ils font
payer l'addition à tout le monde : émissions, réchauffement,
déforestation, élevage de masse."
Jared Diamond parle d'un "facteur
32" qui fait mal à la planète. "La consommation moyenne
par habitant de ressources comme le pétrole et les métaux, ou la
production moyenne de déchets, comme le plastique ou les gaz à
effet de serre, sont en moyenne 32 fois supérieures dans les pays
développés." Il en tire des conclusions alarmistes. "Les
taux de consommation en Chine sont onze fois inférieurs aux taux
américains. Mais si demain toute la Chine rattrapait le niveau de
vie des Américains, la consommation mondiale de pétrole
augmenterait de 106 % et celle des métaux de 94 %. Si l'Inde
suivait, elles tripleraient. Tout comme les émissions de gaz à
effet de serre et les pollutions de toutes sortes."
Et si du fait de l'essor de la Chine,
de l'Inde et d'autres pays, la consommation mondiale augmentait onze
fois, cela équivaudrait, conclut Jared Diamond, à l'équivalent
d'une population mondiale de 72 milliards d'habitants. "Les
optimistes pensent que nous pourrions vivre à 9,5 milliards sur
Terre, mais le pourrions-nous à 72 milliards ? Non, les ressources
terrestres n'y suffiraient pas..."