vendredi 28 janvier 2011

Le danger de la mauvaise inflation


Tout le monde connaît le bon et le mauvais cholestérol. Il en va de même avec l’inflation. Au risque de choquer, il y a bien une bonne et une mauvaise inflation.

Essayons de définir ce qui n’existe pas officiellement, à savoir la bonne inflation, ce qui est interdit par les temps qui courent, dans la mesure où la pensée unique économique nous explique que l’inflation c’est forcément mauvais.

Souvenons nous d’un temps pas si lointain. C’était un temps que beaucoup ont vécu, c’était un temps de plein emploi ou presque, c’était un temps de reconstruction, c’était un temps d’insouciance, où demain serait meilleur qu’aujourd’hui et où nous entrions dans la modernité, le progrès et la consommation de masse. 


C’était un temps où nous avions besoin de bras, où ceux qui avaient juste un BAC ou moins en poche trouvaient du travail ; c’était un temps où vous progressiez dans l’échelle sociale, c’était un temps où « l’ascenseur social » fonctionnait à plein régime, bref c’était un temps, avec le recul, que beaucoup idéalisent et regrettent ; c’était le temps des trente glorieuses et c’était un temps d’inflation.

La croissance économique, les barrières mises aux frontières comme les contrôles des changes, le besoin de tout type de travailleurs voire même la pénurie de personnels qualifiés faisaient peser une pression à la hausse sur les salaires qui montaient et se réajustaient fortement en suivant voire en dépassant le taux d’inflation.

Il s’agissait donc d’une « bonne inflation », celle qui réduit le poids potentiel des dettes. Par quel mécanisme ? Imaginez une dette représentant une mensualité de 100 Francs (ce n’est pas une erreur, à l’époque l’euro n’existait pas encore) sur un salaire de 1000 Francs. 7 ans après le salaire est devenu 2000 Francs mais le remboursement de crédit, qui était à taux fixe, lui, est resté à 100 Francs. Le poids de la dette a été divisé par deux. Il en était de même pour la dette des Etats. Il s’agit donc d’une inflation qui permet de diminuer les dettes, d’acquérir sa résidence principale avec une relative facilité. C’est enfin une inflation qui pénalise les rentiers et les financiers (l’inflation rogne toujours l’épargne) au profit de l’entrepreneur et du producteur. Bref une inflation pas si mauvaise pour l’économie réelle. Ces temps sont révolus.

Aujourd’hui, nos sociétés fabriquent de la mauvaise inflation. Celle qui appauvrit. Pourquoi ? Et bien imaginez une dette qui représente cette fois 1000 € (c’est le montant de la mensualité moyenne d’un crédit immobilier) sur un salaire de 3000 €. 7 ans après le salaire ayant été revalorisé de 0.6%/l’an, il est de 3109,63302 € (très précisément), or le litre d’essence a augmenté (à cause des taxes et de l’inflation), les produits alimentaires ont augmenté (à cause de l’inflation et de la spéculation sur les matières premières alimentaires), les impôts ne baissent pas (sans doute à cause de l’inflation) et le poids de votre crédit immobilier est resté quasiment le même… Bienvenue dans le monde actuel où vous expérimentez la mauvaise inflation !

Pourquoi est-elle devenue mauvaise cette inflation ? Parce que dans les temps modernes où nous vivons, il existe de très fortes pressions à la baisse sur les salaires en raison :

- du progrès technique, informatique, robotique qui fait que l’on réalise les mêmes tâches avec beaucoup moins de personnel. Ce phénomène appelé « démassification » a commencé dans les années 70 avec une accélération exponentielle ces dernières années.

- de la mondialisation, qui occasionne un nombre de plus en plus important de délocalisations entraînant la désindustrialisation rapide de l’Occident au profit des pays émergents comme la Chine, qui ne commence à exister, sur la scène internationale, qu’à partir de 2003.

Ces pertes d’emplois massives générées par ces deux phénomènes ont créé un chômage de masse structurel qui est en augmentation constante depuis maintenant 30 ans et que rien ne semble pouvoir enrayer.

Mais alors comment dans un tel contexte déflationniste envisager le retour de l’inflation ?

La crise de 2008 n’est que la conséquence de la démassification et de la mondialisation. L’épisode dit des subprimes matérialise le fait que pour poursuivre notre croissance, à défaut d’augmentation de salaire, nous avons tous collectivement augmenté nos revenus avec de la dette : dette des ménages, des collectivités, des États et des entreprises. Dès lors, pour éviter la récession, les banques centrales se sont lancées dans des politiques de création monétaire au-delà de toute raison économique, aggravées (car venant se cumuler) par les stimulations monétaires ayant déjà eu lieu suite à l’explosion de la bulle internet puis au choc provoqué par les attentats du 11 septembre 2001. Pour essayer de combattre une crise d’endettement généralisée des États, on a tenté de soigner le mal par le mal, en rajoutant encore de la dette à la dette (les plans de relance), sans s’attaquer aux causes profondes.

Les volumes de liquidités désormais existants font craindre l’apparition d’une inflation forte dont les prémices commencent à être visibles par l’augmentation des prix de certains actifs (actions des pays émergents, or, pétrole, matières premières agricoles…) sur lesquels des flots de dollars se déversent chaque jour. Si une inflation forte sans qu’elle puisse être accompagnée d’augmentation de salaires devait venir se greffer sur la reprise économique naissante, cela aurait un impact dévastateur sur le pouvoir d’achat de nos concitoyens et donc paradoxalement sur la reprise qu’elle viendrait très vite étouffer.

C’est pour cela sans doute que le président de la Banque centrale européenne Jean-Claude Trichet a déclaré début janvier 2011 qu’il n’hésiterait pas à remonter les taux d’intérêt en cas de résurgence avérée de l’inflation, mais en espérant sans doute ne pas avoir à le faire car si les taux devaient augmenter de façon importante, la faible croissance économique serait brisée nette et l’endettement excessif des États deviendrait vite insupportable… Bref, il est des situations inextricables.

D’accord, mais justement, l’inflation était censée être bien pratique pour ne pas vraiment rembourser ses dettes ou en tout cas rendre les échéances de remboursement moins douloureuses avec le temps ?

Nous venons de voir que ce mécanisme de l’inflation qui érode les dettes était valable dans un monde fermé, ce qui n’est plus le cas. Une inflation sans augmentation de salaires non seulement ne rend pas les dettes plus « faciles » à payer, mais en plus diminue systématiquement le pouvoir d’achat des ménages, rendant la dette en réalité de plus en plus lourde à payer…

A ce premier mécanisme vient se greffer un autre élément dont on parle peu et qui est très important. C’est celui de la « maturité de la dette ». Pour faire simple, c’est la date à laquelle on doit rembourser le principal d’un emprunt. Contrairement aux particuliers, lorsque les États empruntent de l’argent ils « n’amortissent » pas le prêt comme c’est le cas par exemple pour un crédit immobilier où tous les mois les ménages remboursent une part d’intérêts et une part de capital pour arriver à zéro à l’échéance. L’endettement des États fonctionne comme un crédit « in fine ». Tous les ans, ils ne payent que les intérêts dus, puis à l’échéance (c’est-à-dire lorsque la dette arrive à maturité), ils remboursent l’intégralité du principal, c’est-à-dire la somme initialement empruntée.

Or pour rembourser le principal, encore faut-il avoir de la trésorerie, ce qui n’est pas le cas de nos États en déficits chroniques. Les États font donc « rouler » leurs dettes, en remboursant la dette n°1 avec l’argent obtenu d’un emprunt n° 2 (ce qui n’est pas sans faire penser à un certain système Madoff).

Ce qui est donc important, c’est de savoir à quelle échéance, c’est-à-dire à quelle maturité les États doivent rembourser les dettes. Et là, le tableau ci-dessous est édifiant. Les USA – pour ne citer qu’eux – doivent rembourser leur dette dans les 4 ans qui viennent… une durée bien trop faible pour qu’une inflation mesurée et maîtrisée puisse venir l’éroder.

C’est pour ces raisons que la crise actuelle ne peut en aucun cas accoucher d’une inflation « positive », et c’est pour cela que sa réapparition quasi inéluctable est porteuse de grands dangers et de grands risques de déstabilisation sociale que seule une régulation forte et coordonnée pourra venir tempérer.

mercredi 26 janvier 2011

Modèle américain ?

Le fameux rêve américain, l’époque où l’Amérique faisait rêver la moitié de la planète et même les 90% de la population. L’époque où tout était possible, et bien, savez-vous à combien étaient imposés les plus riches ?
En 1944, les Américains les plus riches payaient 94 % d’impôt sur le revenu Vous avez bien lu : 94 % d’impôt sur le revenu. Et en 1964, les Américains les plus riches payaient encore 77% d’impôt sur le revenu. Et ça n’empêchait pas qu’il y ait quantité de milliardaires. Les années 1944-1964 étaient des années de prospérité économique aux Etats-Unis. Les prisons étaient loin d’être pleines, le service public de l’éducation de qualité et la classe moyenne florissante.
Mais là-bas comme partout, la classe dominante en veut toujours plus, et bien qu’elle soit déjà milliardaire, elle désire devenir multi-multi milliardaire, et alors peu à peu des lois ont été votées pour diminuer l’impôt. Tant que la classe moyenne et les salariés n’étaient pas encore trop touchés et qu’ils avaient foi en l’Amérique, personne ne protesta. Si bien qu’en 1981, l’impôt des plus riches était tombé à 67%. Prés de 30% en moins en moins de 40 ans ! La santé économique aux Etats-Unis était toujours excellente, l’Amérique faisait toujours rêver ! Mais déjà l’écart entre riches et pauvres se creusait inexorablement.
Constatation  : de 1944 à 1981, les Américains les plus riches payaient en moyenne 80% d’impôt, la prospérité économique était au plus haut, et la délinquance au plus bas.
Puis vint Ronald Reagan ! Porté au pouvoir par une oligarchie, il inaugure une nouvelle idéologie. Cette nouvelle idéologie peut se résumer par ce slogan : "Les plus riches doivent payer 50 % d’impôt au maximum ». Depuis le peuple américain n’a cessé de s’appauvrir ! Oh bien sûr pas les cinq ou dix % des plus riches qui ont vu leur compte en banque grossir à vue d’œil. Mais le reste de la population a vu son pouvoir d’achat baisser. Pour compenser les gels de salaires et donner l’illusion d’une croissance éternelle, on a encouragé les citoyens à s’endetter. La crise des Subprimes en est une des conséquences.
Cette idéologie a été reprise en Angleterre par Margareth Thatcher, avec les conséquences que l’on sait : le gouvernement vient encore d’annoncer la suppression de 500 000 fonctionnaires ! Car plus vous donnez aux riches plus ils vous en demanderont ! Et c’est au tour de Nicolas Sarkozy qui veut mettre en place ces réformes dans notre pays, toujours au profit de la même classe d’apparatchiks. La privatisation des services publics va dans ce sens.
Constatation : à partir de 1981, Ronald Reagan baisse les impôts des Américains les plus riches. Aujourd’hui ils ne payent plus que 32%. Ce qui a entrainé l’appauvrissement généralisé de la population aux Etats-Unis. Les prisons sont pleines, les services de l’Etat aux populations sont sinistrés, et afin de trouver toujours plus de nouvelles sources de profits la planète est devenue un immense brasier ! Et nous, nous sommes toujours à la recherche d’un nouveau modèle, alors que le notre ne fonctionnait pas si mal !
Article original publié sur http://2ccr.unblog.fr/
Conscience Citoyenne Responsable

Démolition contrôlée de l'économie mondiale



Voilà venu 2011. Bonne année. Et bonne chance ! Car selon tous les indicatifs financiers et économiques, les choses ne vont pas s’améliorer cette année. En fait, elles risquent de devenir encore plus glauques.
La classe moyenne est en passe d’appartenir à la classe pauvre, pendant que les riches en empilent davantage pour ainsi agrandir le fossé entre ces deux classes qui resteront : les extrêmement pauvres et les ultra riches. C’est la tiers mondialisation des pays riches… qui ne le sont déjà plus vraiment. Tous les pays occidentaux croulent sous les dettes qui disons-le clairement, sont simplement impossibles à rembourser. Certains peuvent croire que cela n’est qu’un cycle normal ou un accident de l’économie, mais plus ça va, plus cela a l’air d’un terrorisme économique bien organisé. Assistons-nous à la démolition contrôlée de l’économie mondiale ? À vous d’en juger.
Et si ce chaos était causé volontairement et par avarice ? En créant un problème, on force une réaction qui demande alors une solution qui est en fait déjà préparée d’avance pour servir les intérêts de ceux qui s’enrichissent toujours de ces crises économiques. Une économie planifiée pour un nouvel ordre mondial qui passe par les systèmes financiers, dans le but d’asservir la population mondiale par la dette et le contrôle de la création de la monnaie.
Portrait de l’économie
Aux États-Unis, pour la première fois depuis 2008, l’inflation frappe les consommateurs de plein fouet. Les prix de la nourriture ont augmenté 50% plus rapidement que l’inflation générale en 2010, surpassés seulement par les couts de transport et des soins de santé, selon les chiffres publiés dernièrement par le U.S. Bureau of Labor Statistics. Des économistes prédisent que cela n’est que le début. Alimenté par les couts plus élevés du blé, maïs, sucre, soja et de l’énergie, les consommateurs pourraient voir leur prix d’épicerie augmenter de 4% d’ici la fin de l’année. Toutes les évidences pointent en direction d’une augmentation dramatique des prix de la nourriture à l’échelle planétaire, incluant la possibilité de connaitre des pénuries. Ces pénuries pourraient être causées par un mélange de températures froides et d’actes manqués de la part du gouvernement.
Le prix du pétrole vient d’atteindre des sommets pas vus depuis plus de deux ans, à $92,58 le baril, avant de redescendre momentanément sur le NYMEX. Cela n’avait pas été vu depuis octobre 2008.Joe Petrowski, directeur général de Gulf Oil et du Cumberland Gulf Group, a déclaré sur CNBCque le prix du pétrole pourrait monter jusqu’à $150 le baril d’ici cet été. De plus, l’Inde est en train de considérer l’abandon du dollar américain dans ses transactions de pétrole avec l’Iran. La monnaie de remplacement serait le yen japonais et le dirham émirati. Les États du Golfe persique ont tenu des discussions privées avec la Russie, la Chine, le Japon et la France pour remplacer le dollar américain par un panier de monnaies pour effectuer les échanges de pétrole, selon ce qu’a révélé le journal britannique The Independent.

Selon le Centre for Economic and Business Research, l’euro a seulement 20% de chance de survivre sous sa présente forme au cours des dix prochaines années. Il se pourrait même que la zone européenne ne survive pas l’année. Le directeur Douglas McWilliams pense que le niveau de vie des européens devrait diminuer de 15% dans les plus faibles économies et que les dépenses gouvernementales soient coupées pour préserver une monnaie unique. Le CEBR avertit que les problèmes financiers qui ont amputé la Grèce et l’Irlande vont se propager aux autres pays européens aux prises avec des dettes faramineuses. Selon le rapport, il pourrait y avoir une crise de la zone européenne au printemps, « si ce n’est pas avant », avec l’Espagne et l’Italie dans la mire de tir. M. McWilliams opine que pour sauver la monnaie unique européenne, il faudrait couper drastiquement dans le niveau de vie en Irlande, Grèce, Espagne, Portugal, et en Italie en plus de réduire leurs dépenses gouvernementales de l’équivalent de 10% de leur PIB.
Aux États-Unis, la liste des villes majeures qui vont manquer d’argent pour les fonds de pension s’allonge. Plusieurs villes sont dans le trouble. Voici une liste des dix principales villes qui sont menacées par ce manque de fonds de l’ordre de 1 à 122 milliards de dollars d’ici une dizaine d’années : Philadelphie, Chicago, Boston, Cincinnati, St Paul, Jacksonville, New York City, Baltimore, Détroit et Fort Worth. Une étude indépendante de Standford fait état d’un manque de plus de $500 milliards pour le système des fonds de pension de la Californie. De nouvelles lois sur les fonds de pension sont proposées pour forcer les municipalités à augmenter les taxes foncières de 60%. Ajoutez à cela un fait inquiétant : commençant le 1er janvier 2011, plus de 10 000 Baby Boomers vont atteindre l’âge de la retraite, soit 65 ans. Cela continuera de se produire à chaque jour pour les prochaines 19 années. Les statistiques pointent en direction d’une sévère crise des fonds de pension.
En réalité, c’est une centaine de villes américaines qui font face à la banqueroute en 2011, faisant défaut sur leur dette cumulée qui atteint les 2 trillions de dollars ($2000 milliards), ce qui risque de faire dérailler davantage l’économie des États-Unis. Les villes européennes sont aussi en danger : Florence, Barcelone, Madrid, Venise sont toutes dans le trouble. 2011 sera l’année des faillites municipales, selon plusieurs analystes comme Meredith Whitney. Cette tendance risque de s’accélérer sauvagement cette année.
Ce qui est a été fait aux futures générations durant les 3 dernières décennies est absolument criminel. Il y a 30 ans, la dette nationale des États-Unis était tout juste sous la barre d’un trillion de dollars. Aujourd’hui, la dette officielle est 14 fois plus élevée et les années à venir ont l’air absolument apocalyptiques à ce point-ci. Les enfants et les générations suivantes ont été rendus esclaves de dettes perpétuelles. Cet article donne 17 statistiques concernant la dette nationale américaine. En voici quelques-unes :
#1 En date du 28 décembre, la dette nationale était de $13,877,230,355,933.00.
#2 Si le gouvernement fédéral commençait à ce moment même à rembourser la dette nationale à un taux d’un dollar par seconde, cela prendrait plus de 440 000 ans pour rembourser la dette nationale.
#3 Si le gouvernement fédéral commençait à rembourser la dette nationale à un taux de 10 millions de dollars par jour, il faudrait approximativement 3800 ans pour rembourser la dette nationale.
#4 La dette nationale américaine augmente d’environ $4 milliards quotidiennement.
#5 Le gouvernement US emprunte environ 2,63 millions de dollars chaque minute.
#6 Il est prévu que le gouvernement américain devra payer 900 milliards de dollars seulement en intérêts sur la dette nationale d’ici 2019.
#7 Un trillion de billets de $10 collés ensemble, ferait le tour de la planète plus de 380 fois. Ce montant d’argent ne serait pas encore suffisant pour rembourser la dette nationale américaine.
#8 Le Congrès américain a augmenté la limite de la dette fédérale six fois en tout juste trois ans.
Si c’est chiffres semblent impressionnants, comparons-les avec ceux du Dr. Kotlikoff, professeur en économie à l’Université de Boston, qui lui possède les chiffres officiels pour 2010 provenant directement duCongressional Budget Office qui a publié son rapport officiel en juin dernier – Long-Term Budget Outlook. Selon ce qu’a calculé Kotlikoff, la dette nationale se chiffre en vérité à $202 trillions, ce qui est 15 fois le montant de la dette officielle.

Qu’est-ce qui sera fait pour contrôler cette dette montante ? Rien. Au contraire, le gouvernement américain songe plutôt à augmenter encore une fois la limite maximale d’endettement à $14,3 trillions. Si le Congrès américain refusait d’entériner cette décision, le pays risque de faire défaut sur ses obligations.
Au Canada, la crise économique menace de limiter la croissance future du PIB, à moins que, nous dit-on, le gouvernement élimine les barrières empêchant les financiers étrangers de prendre possession de tout ainsi que celles bloquant les personnes âgées de travailler, selon un rapport publié la semaine passée, par le Centre for Study of Living Standards, qui regroupent des économistes liés au Fond Monétaire International (FMI).
La deuxième moitié de 2011 marquera le moment où tous les opérateurs financiers mondiaux vont enfin comprendre que l’Occident ne va pas repayer en totalité une partie significative des emprunts consentis au cours des deux dernières décennies. Selon LEAP/E2020, ce sera autour d’octobre 2011 que cette situation explosive sera révélée au grand jour, en raison de la chute d’un grand nombre de villes et d’États des États-Unis, pris dans une situation financières inextricable découlant de la fin du financement fédéral de leurs déficits, tandis que l’Europe fera face à un très important besoin de refinancement de la dette.
Des hommes d’affaires ont laissé entendre dans un article du journal The Telegraph , que les taux d’intérêts devront être multipliés par six au cours des deux prochaines années pour contenir l’inflation montante. Cela amènera une douleur financière à plus de sept millions de propriétaires de maisons qui possèdent des prêts hypothécaires à intérêts variables.
En 2010 aux États-Unis, la Federal Deposit Insurance Corp. (FDIC) a enregistré un nombre record de 157 faillites bancaires, du jamais vu depuis 1992. 860 institutions bancaires en problème étaient sur la liste de la FDIC en date du 30 septembre 2010.
Bref, la classe moyenne est systématiquement effacée et réduite à néant, autant en Amérique qu’en Europe. Voici 22 statistiques qui prouvent sans l’ombre d’un doute que la classe moyenne est systématiquement éliminée de l’existence en Amérique. Les riches deviennent plus riches et les pauvres s’appauvrissent à un rythme effarant. Dans le passé, les États-Unis avaient la plus grande classe moyenne

mercredi 12 janvier 2011

Retraites, le trésor des sénateurs

Retraites, pas touche au trésor des sénateurs !

PALAIS DU LUXEMBOURG / lundi 18 octobre 2010 par LOUIS CABANES
Par la grâce de la cotisation double, les sénateurs peuvent bénéficier de leur retraite à taux plein, soit plus de 4000 euros mensuels, après deux ou trois mandats.
Pénibilité, carrières longues, effondrement des pensions… Les sénateurs ont été appelés à se pencher sur les points les plus douloureux de la réforme des retraites.
Pour ce qui est de leur propre régime, ça va, merci. Malgré quelques ajustements à la marge depuis 2007, les sénateurs ont réussi à maintenir l’essentiel de leurs juteuses prérogatives.
En deux ou trois mandats, par la grâce de la cotisation double, ils bénéficient de leur retraite à taux plein, soit en moyenne 4 442 euros par mois.
Le tout alimenté par une coquette cagnotte de 1,29 milliard d’euros (581 millions pour la caisse des sénateurs et près de 713 millions pour celle du personnel du Sénat).
Si cet avantageux système était réformé, « l’effet » serait « épouvantable » pour les sénateurs, s’alarme Patrick Baudry, directeur du budget du Sénat dans une note de décembre 2008 (voir notre document ci-dessous).
 - JPG - 15.8 ko
En 2008, le directeur du budget du Sénat s’inquiétait, pour ses amis sénateurs, d’une éventuelle limitation du système de double cotisation des retraites.
Une autre note de la même année permet de mieux saisir l’ampleur de l’inquiétude. Deux parlementaires auront droit à plus de 10 000 euros de retraite et 86 d’entre eux bénéficieront d’une fourchette allant de 6 000 à 10 000 euros. Pourquoi ? Privilège de l’âge ! Multipliez les mandats et vous augmenterez d’autant vos pensions. CQFD.

Eurocrates Chapeau la retraite

Eurocrates, chapeau la retraite !

A LA RIGUEUR / mercredi 23 juin 2010 par JACQUES-MARIE BOURGET

Jetons un oeil envieux sur les traitements princiers des hauts fonctionnaires européens, ces prescripteurs de la rigueur.
Le compositeur Iannis Xenakis étant parti au ciel, je ne peux lui téléphoner pour savoir comment on dit « poutre » en grec. Dommage, parce que c’est cette pièce de bois qui occupe l’œil des hauts fonctionnaires européens, ces prescripteurs de la rigueur, tant leurs salaires et conditions de retraites sont extravagants.
Attachez vos ceintures, les chiffres, collectés par la trop discrète association "Sauvegarde retraites", décoiffent.
À Bruxelles, où chacun bénéficie de primes, de mois doubles et d’un régime dérogatoire, notamment en matière fiscale, la crème de la crème, ce sont les 129 plus hauts fonctionnaires, nababs indispensables au si parfait fonctionnement de l’Europe. Ceux-là bénéficient d’une retraite à taux plein au bout de seize années seulement. Alors que leurs cotisations sont versées non par eux mais par la déesse Europe. Un mandat de cinq ans suffit à leur assurer une pension de 5000 euros par mois.
C’est le cas du Français Jacques Barrot, qui nous honore en roupillant à Bruxelles (après son premier mandat, il avait déjà droit à 4728,20 euros de retraite). Au terme de seize années de dur labeur, ces membres du groupe des 129 peuvent espérer entre 12500 et 14000 euros mensuels, en fonction de leur dernier salaire « compensé » à 70%.
Prenons le cas d’un fantôme polyglotte, José Manuel Barroso, président de la Commission. Après les cinq premières années de son exemplaire gestion, et avant de repiquer pour un tour, il pouvait escompter 5 220 euros par mois, une prime de déménagement de 24422 euros (alors que tous les frais sont payés) et un parachute de… 439609 euros. Et pendant trois ans, Barroso percevra entre 40 et 65% de son dernier salaire, qui bat des records avec 29504 euros.
Au casino communautaire, c’est la blonde suédoise Margot Wallström, vice-présidente de la Commission depuis 1999, qui peut envisager le gros lot : 1,89 million d’euros rien qu’en indemnité de départ et golden parachute ! Normal puisque le salaire moyen de cette caste d’élite est de 21269 euros par mois.
Vous êtes chômeur en fin de droits ? Devenez greffier à l’UE, le traitement mensuel y est de 16327 euros.
Si vous êtes plus mariole dans le chiffre que dans l’être, soyez président de la Cour des comptes à 23405 euros.
Si vous êtes ancien taulard, donc frotté au droit, présidez la Cour de justice, au tarif de 26651 euros (si vous avez trois gosses à charge, on vous en donne 2000 de plus).
Et je vous fais grâce des primes et avantages, vous rappelant que ces gentils technocrates ignorent la douleur de l’impôt : le fonctionnaire européen vivant dans une niche, au chaud de laquelle, bien sûr, il conserve tous les avantages acquis dans son propre pays.
Pour le rire final – en attendant la lutte – , rappelons qu’Olivier Ferrand, le gugusse qui préside Terra Nova, la boîte à idées du PS, a longtemps été le choyé collaborateur de Romano Prodi, alors patron de la Commission européenne.
C’est ce même Ferrand qui, aujourd’hui, propose de piquer des sous dans les retraites des Français. Versons-lui une prime de bâillon.

mardi 11 janvier 2011

La culturomique

La « culturomique » : 

une nouvelle science est née



La prestigieuse revue Science vient de publier en libre accès (il suffit de s’inscrire) le premier article émanant d’une discipline toute nouvelle, la culturomique. Ce néologisme est construit en combinant les mot culture et nomique. Comme ce fut le cas pour la génomique, science vieille de quelques décennies visant à étudier le vivant en analysant les séquences génétiques. Cela étant, la culturomique n’a rien à voir avec la génomique si ce n’est une analyse d’une séquence de signes que sont les nucléotides dans la seconde et les mots dans la première. Le génome constitue le patrimoine génétique des espèces vivantes alors que le « culturome » représente le patrimoine culturel littéraire d’une société pourvue d’une langue, ayant diffusé des écrits et ce, à un moment donné de son histoire. Grâce aux techniques de numérisation et aux instruments de calcul informatique, il devient possible de repérer des occurrences sémantiques sur des millions d’ouvrages. Autrement dit, sur des textes dont la lecture par un individu nécessite des centaines d’années, dont la taille représente dix fois le génome humain et dix fois le trajet terre lune s’ils étaient écrits à la suite.
Pour l’instant, nul ne peut jauger quel sera l’impact de cette nouvelle technique dans le champ des sciences humaines. C’est tout aussi inédit que la première séquence génétique obtenue dans les années 1970, celle d’un phage de virus. Néanmoins, on peut entrevoir plus facilement les perspectives étant donné qu’une langue se rapport directement à une pensée et une culture. La culturomique permet ainsi de comparer l’occurrence de « mots stratégiques » dans divers pays, mais c’est certainement la dimension historique qui mérite un intérêt spécial car cette technique permet de mesurer dans le temps des occurrences qui apparaissent puis déclinent, révélant de ce fait les évolutions globales d’une culture à travers l’analyse de ses publications. Par exemple, la pénétration des nouvelles techniques apparaît de manière tangible. Et l’on voit se confirmer l’accélération de la transmission des inventions à travers l’usage des mots dans les livres. Les techniques inventées dans la période 1800-1840 ont mis 66 ans pour se répandre dans les sociétés industrielles. Ce délai est ramené à 50 ans pour la tranche suivante des inventions nées entre 1840 et 1880, alors celles produites entre 1880 et 1920 n’ont mis que 27 ans pour se propager et investir les sociétés.
Mais ce n’est pas l’aspect le plus passionnant car on décèle dans la fréquence des noms propres d’autres tendances. Certes, il n’y a rien de neuf dans les exemples mentionnés mais l’important réside dans la validation de cette technique qui se montre efficace dans les repérages historiques, notamment les cas de censure comme le cas du peintre Chagall dont la « notoriété culturomique » se dessine dès les années 1910 dans les langues anglaise et allemande. L’ascension se poursuit en Angleterre alors qu’en Allemagne, les mentions du peintre Chagall s’estompent à partir de 1936 jusqu’en 1944, Chagall étant comme on le sait de confession juive alors que l’antisémitisme était à son paroxysme pendant cette période gouvernée par les nazis. Par la suite, la notoriété du peintre reprend en Allemagne, une fois la guerre terminée. Ce cas de censure n’est pas le seul comme on s’en doute. Les auteurs de cet article mentionnent Trotski dont le patronyme fut banni dans la Russie soviétique pendant la période stalinienne, ou bien la liste rouge hollywoodienne établie pendant le maccartisme ou encore la place Tienanmen en Chine après la révolte des étudiants en 1989. 
N’importe quel mot peut être suivi à la trace. Il suffit de choisir quel élément culturel on veut analyser dans le temps. On pourra ainsi visualiser dans les diagrammes l’évolution de la popularité de savants comme Galilée, Darwin, Einstein et Freud. A noter comme curiosité l’apogée de « notoriété culturomique » de Darwin à la fin du 19ème siècle alors que Freud passe en tête dans le courant du 20ème siècle. Sans doute moins sérieux mais tout aussi instructif, les modes gastronomiques se dessinent avec clarté dès lors qu’on suit à la trace des mots tels que sushi, hamburger, pizza, steak, pâtes, crème glacée. A noter l’avènement simultané de la popularité des pâtes et des pizzas au milieu du 20ème siècle, alors que le sushi a fait une apparition récente dans la culture écrite. Rien de bien surprenant direz-vous mais l’outil utilisé dans les études « culturomiques » est loin d’avoir livré toutes ses possibilités. Pour l’instant, les chercheurs ont pu visualiser et quantifier la dynamique de propagation de mots au sein d’une culture et mettre en évidence des tendances significatives sur les « schémas sémantiques » en transformation. Des occurrences apparaissent puis disparaissent. Les causes étant diverses. Comme indiqué précédemment, la vitesse de propagation des innovations peut être mesurée et comme on peut s’y attendre, elle s’accélère depuis que les moyens de transport, communication et édition se perfectionnent. Les phénomènes de censure politique se dessinent également, mesurés comme des freins plus ou moins puissants agissant sur la « fréquence sémantique ». Les évolutions grammaticales ont aussi été identifiées et d’une manière générale, cet outil devrait permettre de saisir les transformations culturelles ainsi que les modes successifs de pensée tels qu’ils transparaissent dans les différents écrits, au risque cependant de tracer une pensée moyenne faite des opinions du moment propagées par les différents supports d’édition.
L’avenir dira ce que promet cette nouvelle spécialité qui, tout comme la génomique qui laisse intact le mystère du vivant, risque de ne dévoiler aucun secret essentiel sur l’évolution des langages et de la pensée. Du moins rien qui ne soit déjà connu des historiens. Notamment la rupture décelée autour de 1800, date où la langue française est définitivement fixée, avec ses précisions, son efficacité. Laissons les chercheurs effectuer leur enquête dans ce champ qui s’avère assez stimulant au vu de sa nouveauté. Le plus important en science, ce n’est pas de trouver mais de poser les bonnes questions. Sans doute, une étroite collaboration sera nécessaire entre calculateurs, sociologues, linguistes et historiens, si on veut espérer dévoiler des processus sémantiques et des ressorts de la pensée jusqu’alors cachés. Et bien évidemment, seront accessibles les nuances récentes propagées depuis quelques décennies, avec qui sait, une évaluation de l’impact d’Internet. Affaire à suivre.

La Révolution silencieuse de l'Islande

La révolution silencieuse de l’Islande. Un précédent inquiétant pour nos élites politico-financières

« Ne croyez pas, chers compatriotes, ceux qui proposent que nous sortions de l'euro. L'isolement de la France serait une folie. La fin de l'euro, serait la fin de l'Europe. Je m'opposerai de toutes mes forces à ce retour en arrière qui ferait fi de 60ans de construction européenne qui ont apporté la paix et la fraternité sur notre continent. Je le dis avec d'autant plus de fermeté que j'ai toujours milité pour la préférence communautaire et que je me suis toujours battu pour la protection de notre industrie... » Voilà en substance les mots du Président de la République à propos de la monnaie unique. (1)
Nous avons tous compris que les élites des partis d'alternance au pouvoir, s'accrocheraient, quoi qu'il en coûte, à la monnaie unique. Pourtant la construction européenne ne s'est pas toujours faite dans l'intérêt des peuples européens. Déjà en 2005, le Nobel français d'économie Maurice Allais évaluait les effets de l’abandon de la préférence communautaire, décidé en 1974 par Bruxelles sur les économies nationales. Il établissait la baisse du taux de croissance du PIB réel par habitant de l’ordre de 30 à 50% pour les pays signataires du traité de Rome.
Déterminé à faire bouger les lignes, en juin 2010 Maurice Allais s'était indigné de la destruction programmée de notre industrie et de notre grenier agricole dans la publication économique interne de la prestigieuse école des Mines : « L’enjeu capital actuel est le risque d’une destruction de l’agriculture et de l’industrie françaises. Ce danger est réel et j’emploie le mot destruction car il est représentatif de la réalité. Un tel risque provient du mouvement incessant des délocalisations, elles-même dues aux différences de salaires entre, d’une part, des pays développés tels que ceux de l’Amérique du Nord ou d’Europe de l’Ouest, et, d’autre part, ceux d’Asie ou d’Europe orientale, par exemple la Roumanie ou la Pologne »
Maurice Allais suggèrait le rétablissement des préférences régionales. Il revendiquait un protectionnisme raisonné et pragmatique en marge de la rigidité de l'idéologie néolibérale. « Un point essentiel tient à la définition de ces espaces régionaux, qui ne devront pas être trop vastes et devront rechercher une homogénéité interne, ce que je définis comme « des ensembles régionaux groupant des pays de développement économique comparable, chaque association régionale se protégeant raisonnablement vis à vis des autres. » » (2)
Le diplomate Stéphane Hessel, auteur du best-seller « Indignez-vous ! »ne serait pas loin de partager le point de vue de Maurice Allais quand il affirme : « Ce n'est pas en se donnant à une idéologie qu'on fera progresser la société : on le fera par une réforme équilibrée et démocratique. Les idéologies ont fait beaucoup de mal, l'idéologie communiste comme l'idéologie néolibérale. Il faut écouter les gens, savoir ce qui les indigne, comprendre sur quoi on peut travailler avec eux, et non pas leur dire, comme le font les idéologues : voilà ce que tu dois faire. » (3)
S'agissant du rôle protecteur de l'euro pour les pays membres, le prix Nobel américain d'économie Paul Krugman, lui non plus, ne s'y est pas trompé. Voilà un expert indépendant des luttes intestines européennes, qu'on ne peut accuser d'être à la foi juge et parti et qui nous fait un décryptage sans état d'âme.
L'expérience résultant de l' analyse comparée entre d'une part l'Irlande, pays européen de la zone euro et d'autre part l'Islande, pays européen extérieur à la zone euro, s'avère très instructif. On a affaire à deux pays de taille modeste, voisins et au niveau de vie assez semblable.
Paul Krugman constate qu' « avant l'éclatement bancaire, la dette publique irlandaise était faible. Or, les contribuables devenant soudain redevables pour d'énormes pertes bancaires, alors même que les recettes plongeaient, la solvabilité du pays fut mise en doute. L'Irlande tenta alors de rassurer les marchés avec un sévère programme de réduction des coûts.
Prenez une minute pour réfléchir à cela. Ces dettes furent contractées, non par des programmes publics, mais par des magouilleurs privés qui ne cherchaient rien d'autre que leur propre profit. C'est maintenant aux citoyens irlandais lambda de porter le poids de ces dettes. Enfin, pour être plus précis, ils portent un poids bien plus lourd que la dette - parce que ces réductions de coûts ont causé une grave récession, ce qui fait qu'en plus de supporter les dettes bancaires, les Irlandais souffrent aujourd'hui d'une baisse de leurs revenus et d'une hausse du chômage. »
En revanche, « à ce stade, l'Islande semble faire mieux, pour le moins, que son quasi-homonyme. Sa crise économique ne fut pas pire que celle de l'Irlande, ses pertes d'emplois moins sévères, et elle semble en meilleure posture pour une reprise. En fait, les investisseurs semblent considérer aujourd'hui que la dette islandaise est plus sûre que la dette irlandaise. Comment une telle chose est-elle possible ? …… l'Islande a laissé les créanciers étrangers des banques qui s'étaient emballées payer le prix de leur propre manque de jugeote plutôt que d'obliger ses propres contribuables à garantir de mauvaises dettes privées. Comme le note le Fonds monétaire international - d'un ton approbateur ….
L'Islande a également bénéficié du fait que, contrairement à l'Irlande, elle possède encore sa propre monnaie : la dévaluation du krone, qui a rendu les exportations islandaises plus compétitives, fut un facteur important dans la limitation de la crise islandaise. » (4)
Il faut tout de même préciser que l'Islande a fait sa révolution en douceur, événement historique aux portes de l'Europe qui n'a pas été relayé par la « grande » presse audiovisuelle.
En 2008, confronté à la faillite brutale du système bancaire, le pays fait le choix de nationaliser les banques. Très vite le pays doit faire face à la faillite d’Icesave, une banque en ligne dont les opérations étaient tournées notamment vers le Royaume-Uni. Sous la pression de la commission européenne le gouvernement soumet un projet de loi au parlement prévoyant le règlement de la dette par l'Etat islandais. Le parlement vote le renflouement des banques. Le texte prévoit le paiement échelonné d'ici à 2024 d'environ 3,8 milliards d'euros, soit l'équivalent de près de 40% du produit intérieur brut annuel de l'île, ruinée par l'effondrement de ses banques en octobre 2008. Mais les contribuables irlandais ne l'entendent pas de cette oreille. Une pétition citoyenne circule, ratifiée par près d'un islandais sur quatre (5). Le Président du pays, Olafur Grimsson refuse de promulguer la décision éminemment politique et prend l'initiative de soumettre ce choix de politique à référendum. Les Islandais rejetteront le texte à la majorité écrasante de 93%.
Consécration de cette révolution, l’élection d’une Assemblée constituante le 27 novembre 2010. Un appel à candidatures (étaient exclus les élus nationaux. Il fallait avoir dix-huit ans révolus et être soutenu par au moins trente personnes) a suscité des vocations chez 522 volontaires. C’est parmi eux qu’ont été élus les 25 constituants.
Les constituants se réuniront à partir de la mi-février 2011 et rendront leur copie avant l’été. (6) Parmi les propositions qui reviennent le plus souvent, on peut noter la réaffirmation de la séparation de l’Église et de l’État, la nationalisation de l’ensemble des ressources naturelles et une séparation claire des pouvoirs exécutif et législatif. Il s’agit donc de l’élaboration d’un nouveau contrat social et, pour un tel objectif, il faut, ce que beaucoup ici semblent ignorer, la participation de toute la nation.
Dans une interview avec l’agence d’information financière Bloomberg, le Président Olafur Grimsson explique :« La différence [avec l’Irlande] c’est qu’en Islande nous avons laissé les banques faire faillite. C’étaient des banques privées et on n’y a pas injecté d’argent pour les maintenir à flot ; l’Etat n’a pas à assumer cette responsabilité. »
Il renchérit :« L’Islande se porte bien mieux qu’attendu » et ajoute : « Peut-on demander aux gens ordinaires – les agriculteurs et les pêcheurs, les enseignants, les docteurs et les infirmières – d’assumer la responsabilité de la faillite des banques privées ? Cette question, qui fut au cœur du débat dans le cas de la banque islandaise Icesave, va être la question brûlante dans de nombreux pays européens. » (7)
 
[4]New York Times News Service chronique pour la RTBF