dimanche 26 octobre 2014
mercredi 1 octobre 2014
Juin 1940 et pourtant étrangement actuel...
Pendant vingt ans, j'ai eu l'impression d'apprendre à jouer un jeu. De construire un monde autour de moi.
D'édifier morceau par morceau, pièce par pièce, d'abord le
milieu qui m'entourait, le monde de tous les jours avec ma chambre et la
maison, la ville, le lycée, l'université, leurs
passés et leurs histoires. Puis de comprendre le pays, la République
avec ses institutions et ses lois, son armée et sa justice. Et tout
l'édifice vient justement de s'effondrer. Tout ce en quoi
je croyais, tout ce que je croyais croire pour la vie, tout ce qui
me paraissait constituer la base même de notre existence, former
l'armature qui nous protège, guider le regard que nous portons
sur le monde, tout cela, en un instant, s'est écroulé. En un
instant, le pays a fait naufrage. En un instant, malgré ses grands
hommes et ses grandes écoles, ses généraux et ses institutions, ses
professeurs et son Sénat, il a sombré corps et âme.
François Jacob, la statue intérieure
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