dimanche 3 juin 2012

Bochenski Le Progrès


La croyance en un progrès permanent de l’humanité vers des états de plus en plus hauts, meilleurs, vers le paradis terrestre, vers « la lumière », et des réalités de ce style, est une des superstitions les plus nocives que nous ayons héritées du XIXe siècle. Elle règne encore aujourd’hui sur de grandes régions, surtout dans les pays arriérés et socialistes où le progrès est imposé par les partis communistes1. Son contenu est plus ou moins le suivant : l’homme est, par son essence, une créature progressive, c’est-à-dire que, comme espèce, il s’améliore, se perfectionne continuellement. Ce perfectionnement se manifeste dans tous les domaines. Sur le plan de la vision du monde, il passe de la superstition à la science. Dans la science, il évolue vers un savoir de plus en plus grand; en matière de technique, il maîtrise de mieux en mieux le monde. Pour la morale, il devient meilleur sans cesse. En politique, il invente les formes de gouvernement de plus en plus parfaites. Dans l’art, il crée les chef-d’œuvres de plus en plus achevés. Ce n’est que dans la religion qu’il n’y a point de progrès, car elle est une superstition que le progrès élimine de façon efficace. Et si le progrès donne de si splendides résultats, la première et la plus sainte obligation de chaque être sain est de servir ce progrès de l’humanité auquel il faut soumettre tout et tous.

Cette opinion, très répandue au XIXe siècle et encore avant la IIe guerre mondiale, est aujourd’hui rejetée par la majorité écrasante des gens éduqués dans les pays civilisés. Une meilleure connaissance des prémisses de la croyance dans le progrès, ainsi que les expériences vécues par l’humanité au cours du XXe siècle, ont démontré clairement qu’il s’agit d’une simple superstition.

Pour prendre le premier point, la croyance en un progrès qui nous vient du temps des Lumières (à une époque où elle était encore totalement sans fondement) a reçu un appui du côté de la théorie de l’évolution de Darwin ainsi que du développement des sciences modernes et de la technique. La zoologie a démontré qu’il y a un progrès permanent dans le règne animal. Cette constatation a été transposée sur le cours de l’histoire humaine. De même que les mammifères ont été un progrès par rapport aux oiseaux, l’homme moderne est un progrès par rapport à l’homme de l’Antiquité et du Moyen Âge. Mais cette transposition des catégories biologiques sur notre histoire est absolument sans fondement, ne serait-ce que parce que nous sommes ici confrontés à une période de temps très courte. Nous ne connaissons vraiment bien que trois mille ans, environ cent générations, et les cent générations ne font qu’une unité dans la mesure de l’évolution biologique. Parler de progrès dans les limites de cette seconde biologique est une superstition.

En même temps, une meilleure connaissance de l’histoire de la culture a permis de constater que le progrès est plutôt une exception en ce domaine, qu’il ne se manifeste que dans les périodes relativement courtes et seulement dans certaines composantes de la culture. Il est vrai, en effet, que nous avons eu, depuis le XVIIe siècle, un développement magnifique des sciences naturelles et de la technologie basée sur elles. Les résultats de ces dernières sont surtout imposants. Mais il n’y a pas eu dans l’histoire, pour autant qu’on sache, un progrès moral de l’humanité. Pour le dire plus précisément, on peut souvent noter un progrès dans les limites d’une période, d’une civilisation. Par exemple, le progrès dans l’Égypte antique depuis les temps de règne des Hyksos jusqu’à la XVIIIe dynastie est évident. Mais après le progrès moral vient d’habitude une régression. Pour s’en tenir à l’exemple de l’Égypte, la position de la femme dans le Nouvel Empire (XVIe – XIVe siècle av. J.-C.) fut meilleure qu’actuellement en Suisse. Or, dans la même Égypte règne aujourd’hui l’islam, selon lequel la femme, à ce qu’il paraît, n’a pas d’âme. Appeler cela un progrès serait une galéjade.

Par ailleurs, le XXe siècle a vécu des crimes sur une échelle démesurée, sous forme de meurtres massifs accomplis dans les cruels camps allemands et russes – de vrais génocides que nous n’avions pas connus en Europe depuis longtemps. Parler de progrès moral permanent de l’humanité est donc une superstition.

Il en est de même, semble-t-il, dans plusieurs autres domaines. Par exemple, il n’est pas du tout évident que les formes étatiques existant actuellement soient meilleures que celles du Moyen Âge, comme on le croit si souvent. C’est un fait qu’environ quatre cinquièmes des pays du monde sont gouvernés moins bien, par des caciques plus ou moins cruels, que ce ne fut le cas au temps des anciens pharaons ou des césars romains. On pourrait dire de même à propos de la science pure et de l’art.

Une chose est sûre : on a assisté ces derniers temps – depuis à peu près le XVIIe siècle – à un progrès considérable dans les techniques. Ainsi, on a découvert par exemple, une nouvelle méthode de la notation de la mélodie (d’où la possibilité de créer de grandes opéras, des oratorios – et tant d’autres choses – qui n’existaient pas avant). Dans la construction des bâtiments, de nouvelles techniques ont apparu (le béton), qui ont rendu possibles de nouvelles formes architecturales. Dans la logique elle-même, l’application de la technique formelle a facilité le progrès de façon considérable. Mais quand nous nous demandons si le peintre moderne, du fait qu’il dispose de meilleures techniques, est meilleur peintre que Michel-Ange, ou si Frege est un plus grand logicien que Diodoros de Cronos, la réponse est qu’on ne le sait pas. De toute façon, il n’est pas évident qu’il y ait eu – dans l’essentiel – un progrès quelconque relatif à ces choses-là.

Il en découle que l’affirmation consistant à poser un constant et général progrès de l’humanité est d’abord complètement imaginaire; et ensuite, une contradictoire avec les faits connus. Et comme il s’agit des choses appartenant au domaine de la science et à propos desquelles on veut trancher a priori, nous sommes ici en face d’une superstition typique. Il est vrai, en même temps, qu’un progrès restreint est possible aussi bien chez les individus qu’au sein des nations. Il faut donc solliciter un tel progrès. Mais la position « progressiste » décrite plus haut est une superstition.

Bochenski : l'autorité, l'intellectuel


L’autorité

Autour de l’autorité ont jailli nombre de superstitions dangereuses. Pour comprendre leur perfidie, il faut d’abord expliquer la signification du mot autorité. On dit d’une personne qu’elle est une autorité pour une autre personne dans un certain domaine à condition que tout ce qu’elle affirme dans ce domaine (par exemple sous forme d’un enseignement ou d’une directive) soit reçu, accepté par l’auditeur. Il existe deux sortes d’autorité : l’autorité du connaisseur, du spécialiste, savamment appelée « épistémique », et l’autorité du supérieur, du chef, appelé autorité « déontique ». Dans le premier cas, quelqu’un est pour moi une autorité si, et seulement si, j’ai la conviction qu’il connaît mieux que moi la matière concernée et qu’il dit la vérité. Par exemple, Einstein est pour moi l’autorité épistémique en physique; le maître d’école est l’autorité épistémique en géographie pour les élèves de cette école, etc. En revanche, quelqu’un est pour moi une autorité déontique quand je suis convaincu que je ne peux pas atteindre mon but autrement qu’en obéissant à ses ordres. Un patron est l’autorité déontique pour les ouvriers dans un garage, le commandant d’un détachement pour ses soldats, etc. L’autorité déontique se divise ensuite en autorité des sanctions – l’autorité a un autre but que moi, mais j’obéis par peur d’une punition – et autorité de solidarité – nous avons tous les deux le même but; ainsi des matelots et du capitaine du bateau en danger.

1. La première superstition concernant l’autorité est l’opinion selon laquelle l’autorité s’oppose à la raison. En réalité l’obéissance à l’autorité est souvent une position très raisonnable, en accord avec la raison. Ainsi, quand la mère dit à l’enfant qu’il existe une grande ville appelée « Varsovie », l’enfant agit très raisonnablement lorsqu’il considère ceci comme vrai. De même un pilote agit raisonnablement quand il croit le météorologue qui le renseigne qu’en ce moment, à Varsovie, on observe une haute pression et un vent de quinze nœuds – parce que le savoir de l’autorité est dans les deux cas plus grand que le savoir d’un enfant ou d’un pilote. On utilise encore l’autorité dans le domaine scientifique. Pour s’en convaincre, il suffit de remarquer les spacieuses bibliothèques que compte chaque institut scientifique. Les livres y contiennent le plus souvent les reports des résultats scientifiques obtenus par d’autres scientifiques – les dits des autorités épistémiques. Il arrive ainsi que l’obéissance à une autorité, par exemple au capitaine du bateau, soit une position tout à fait raisonnable. L’opinion selon laquelle il existe toujours et partout une opposition entre l’autorité et la raison est une superstition.

2. La deuxième superstition liée avec l’autorité consiste dans la conviction qu’il existent des autorités pour ainsi dire universelles, c’est-à-dire des gens qui sont des autorités dans tous les domaines. Ce n’est évidement pas le cas – chaque personne est au plus une autorité dans un certain domaine, parfois dans plusieurs domaines mais jamais dans tous les domaines. Einstein par exemple était sans doute une autorité dans le domaine de la physique, mais sûrement pas dans les domaines de la moralité, de la politique ou de la religion. Malheureusement, le fait d’admettre de telles autorités universelles est une superstition très répandue. Quand par exemple le cercle des professeurs universitaires signe massivement un manifeste politique, ceux-ci supposent que leurs lecteurs vont les considérer comme des autorités en politique, chose qu’ils ne sont évidement pas; on admet implicitement l’autorité universelle des scientifiques. Ces professeurs sont assurément des autorités dans le domaine de la Révolution française, de la céramique chinoise ou du calcul des probabilités, mais non dans le domaine de la politique; ils abusent de leur autorité par ce type de déclarations.

3. La troisième superstition, particulièrement périlleuse, est le mélange de l’autorité déontique (du chef) avec l’autorité épistémique (du spécialiste). Beaucoup de gens présument que celui qui a le pouvoir, et donc l’autorité déontique, devient ipso facto une autorité épistémique et peut instruire les subordonnés, par exemple sur l’astronomie. L’auteur de ces lignes a assisté une fois à un « cours » d’astronomie donné par un officier supérieur ignorant en cette matière, en face d’un détachement, où se trouvait un chasseur, docteur en astronomie. Les victimes de cette superstition deviennent parfois même des personnes éminentes, ainsi par exemple que saint Ignace de Loyola, fondateur de l’ordre des jésuites, dans la célèbre lettre aux pères portugais, dans laquelle il exige d’eux qu’ils « soumettent leur raison au supérieur », donc à l’autorité purement déontique.

L’intellectuel

C’est l’homme qui :

> possède une certaine éducation académique, ou quasi-académique

> n’a rien à voir avec la vie économique, et n’est en tout cas pas un ouvrier
> s’exprime publiquement, et veut paraître comme une autorité, en matière de moralité, de politique, de philosophie et sur sa vision du monde.

L’ouvrier n’est donc pas un intellectuel, même s’il est un génie, de même que le commerçant ou le professeur de l’université, aussi longtemps qu’ils se cantonnent à leurs domaines propres. Chacun d’eux peut quand même être, pour ainsi dire, coopté au cercle des intellectuels, s’il vient à s’exprimer sur les sujets mentionnés plus haut. Les intellectuels sont le plus souvent les journalistes, les gens de lettre, les artistes, mais on y trouve parfois aussi des professeurs d’université, ceux qui signent massivement les manifestes sociaux et politiques ainsi que les manifestes moraux.

La superstition concernant l’intellectuel – elle n’est pas mince – consiste dans l’opinion admise que l’intellectuel comme tel fait autorité dans le domaine de l’éthique, de la politique et de la vision du monde. C’est à cause du succès de cette superstition que les intellectuels ont joué et jouent toujours un rôle parfois décisif dans la vie des sociétés. Ils ont entre autres conduit maintes révolutions, qui – contrairement à l’idée répandue – étaient presque toujours l’œuvre non des masses populaires, mais des intellectuels. Le fait que c’est une superstition est facile à établir, puisque la croyance en l’autorité de l’intellectuel n’est fondée exactement sur rien. Ainsi, un professeur d’histoire moderne fait sûrement autorité quant à la Révolution française, mais pas en matière d’énergie atomique. Par conséquent, si un tel professeur signe, avec ses collègues spécialisés en céramique chinoise, en zoologie, ou encore en calcul de probabilités, une déclaration concernant cette énergie, il abuse de façon flagrante de son autorité, et – pire encore – il laisse croire que c’est « la science-même » qui prend la parole.

Une cause majeure de la persistance de cette superstition est le manque de confiance en leur propre bon sens du côté des simples travailleurs conjugué au prestige qui existe autour de la science, de l’art, etc., prestige injustement transféré sur les intellectuels.

La kleptocratie par Bruno Bertez

Nos articles font souvent références à la kleptocratie. Littéralement, la kleptocratie est gouvernement de, par et pour les voleurs.

Souvent cette appellation péjorative est associée à la pratique généralisée de la corruption.

Souvent aussi, on utilise le terme pour désigner l’exploitation par un groupe de personnes qui détiennent le pouvoir, des richesses naturelles d’un pays à leur profit. Elles détournent ce qui est un bien public, un bien commun.

Le sens dans lequel nous prenons kleptocratie est plus proche de cette seconde utilisation. Bien que la corruption, le népotisme et les prébendes accompagnent généralement les pratiques kleptocratiques. Le bien commun exploité par les kleptocrates dans le cas présent est la monnaie.

Ceci mérite un petit développement.

La monnaie est un bien commun comme l’air ou comme la liberté individuelle, selon l’heureuse expression de Charles Gave. Elle appartient à tous. Elle ne saurait être captée par un seul et surtout pas par l’Etat et ses complices, Banques Centrales et système bancaire.

La capture, le détournement de la monnaie est une tentation constante en particulier depuis qu’elle est devenue un outil de régulation économique. Cet outil est manipulé par la classe kleptocratique à son profit.

Le lien entre la monnaie et les impôts est étroit. Les nations imposent leur monnaie en leur donnant le pouvoir de libérer de l’impôt. Notons au passage que l’usage de ce pouvoir ne constitue pas en lui-même un détournement du bien commun.

Quand l’Etat dépense plus qu’il ne prélève, c’est-à-dire quand il est en déficit, il s’endette par l’émission de dettes souveraines, lesquelles, il faut bien le comprendre, sont des titres qui constituent des promesses de donner de la monnaie plus tard. Un emprunt souverain à 10 ans est une promesse de donner de la monnaie au terme de 10 ans. C’est de la quasi-monnaie à maturité longue, ce que nous répétons régulièrement en expliquant que la monnaie, elle, est de la quasi monnaie à maturité zéro, instantanée.

Quand les Banques Centrales distribuent gratuitement, pour rien ou en-dessous de son prix, de la monnaie et qu’elles le donnent au système bancaire, pour qu’il achète des emprunts d’Etat, comme c’est le cas depuis le début de la dérégulation, alors le système kleptocratique de détournement du bien commun se met en place. Les détournements commencent. Dans ce système, les monnaies cessent d’être un bien commun, comme les ressources naturelles dans les pays dominés par des tyrans malhonnêtes, elles sont accaparées, détournées, pour former et entretenir la classe kleptocratique.

Revenons à notre fil conducteur.

Plus spécifiquement, nous stigmatisons le système économique, financier et politique qui est issu de la grande dérégulation des années 80, dérégulation rendue possible par la coupure du lien entre l’or et les monnaies et l’universalisation des fiat monnaies. La dérégulation est partie d’un constat, constat très important, mais qui n’a pas été théorisé par les économistes classiques. Ce constat, c’est qu’il y a un lien entre le taux de croissance d’une économie et le taux de croissance du crédit dans cette économie. Ceci a été théorisé récemment par l’économiste australien Steeve Keen, mais auparavant, en l’absence de théorie, il s’agissait d’un constat empirique et de corrélations.

La dérégulation visait à augmenter les possibilités de crédit en augmentant les fonds propres des banques et leur rentabilité. Le ressort de la dérégulation, c’est l’enrichissement des banques, c’est le pouvoir qui leur a été donné de capter le bien commun, la monnaie, pour attirer à elles les richesses, pour extraire de la plus-value du système productif.

Le fond de la dérégulation, c’est une opération magique, une opération d’alchimie. Pour tenter de faire simple, disons qu’elle se réduit à ceci: on accorde au système bancaire et financier au sens large la possibilité de prélever, disons 1 unité de surproduit sur la richesse productive ou sur les ressources des épargnants, cette unité devient leurs bénéfices et remonte pour augmenter leurs fonds propres. Cet accroissement des fonds propres, multiplié par le levier d’endettement pratiqué par la banque, mettons de 12, permet une création de crédit supplémentaire 12 fois supérieure à la somme initiale prélevée sur l’économie productive. Le fond de la dérégulation, c’est, grâce au détournement du bien commun qu’est la monnaie, la possibilité donnée au système bancaire de prélever sur les revenus gagnés par les agents économiques et de leur rendre sous forme d’un multiple par le biais du crédit. La dérégulation comporte en elle-même, à la fois la spoliation et, en même temps, les germes de l’insolvabilité.

Ce choix a été fait dans le cadre d’un constat de tendance au ralentissement de la croissance auquel il convenait, pensait-on, de s’opposer. Déjà, il s’agissait d’une entreprise dirigiste, constructiviste, d’hommes qui jouaient aux apprentis sorciers, véritables démiurges.

La dérégulation reposait sur la soi-disant indépendance des banques centrales à l’égard du politique, sur la prééminence des marchés, sur l’extension de la capacité d’endettement et de ce que l’on appelle l’effet de levier. L’alchimie de la financiarisation qui a permis l’émergence de la kleptocratie a réussi le tour de force de transformer le plomb en or, l’eau des égouts en eau de source. Elle reposait, mais c’était un grand secret, sur la dissémination du risque financier sur le public. Sur la masse des ignorants.

La dérégulation, pour faire simple, conférait, et confère toujours, au secteur bancaire, quasi bancaire et shadow bancaire le pouvoir d’augmenter ses profits, ses capitaux propres, sur le dos de l’économie productive, sur le dos des États, sur le dos des particuliers, sur le dos des contribuables, sur le dos des épargnants, sur le dos des investisseurs.

Ce n’est pas un hasard si, juste avant le début de la grande crise de 2007/2008/2009/2010/2011/2012 et des années à venir, le secteur financier représentait le secteur vedette des bourses, et s’octroyait jusqu’à 40% des profits d’un pays comme les Etats-Unis. Evaluation restrictive qui n’inclut pas les traces de kleptocratie enfouies dans des firmes non financières.

Une classe kleptocratique s’est ainsi formée, basée sur l’exploitation d’un bien commun, la monnaie, à son profit. Avec la complicité des banques centrales que, pratiquement, elles contrôlent et la connivence des gouvernements qui dépendent d’elle pour se financer.

La crise a démasqué la kleptocratie et ses complices. On a vu les bail out, c’est à dire le sauvetage des banques sur le dos des contribuables, les taux d’intérêt nuls qui spolient les épargnants, le transfert des risques des banques sur les Trésors Publics, sur les Banques Centrales, sur les Institutions de prévoyance, etc. Les bénéfices sont restés aux kleptocrates, les pertes ont été, sont, et vont encore plus être socialisées, payées par les citoyens.

La chose financière est chose complexe, très complexe, surtout quand elle est présentée par et pour les gouvernements. C’est à la faveur de l’ignorance entretenue, d’un vocabulaire abscons et de contrevérités que le système kleptocratique se maintient. Tout le monde est complice, les banques, les Banques Centrales, les gouvernements, les medias, les économistes main street, etc.

De plus, on entretient la confusion, la kleptocratie actuelle, ce n’est pas le règne de la richesse, ce n’est pas le règne de l’accumulation du capital de production, ce n’est pas le capitalisme ; au contraire, la kleptocratie actuelle, c’est le socialisme, le dirigisme connivent, socialiste, de toute une élite formée de membres des gouvernements, d’institutions financières nationales, internationales, mondiales et mondialistes. Nous sommes en présence d’une forme de socialisme, même pas, surtout pas, d’une perversion du capitalisme comme tente, pour les besoins de sa propagande, de le faire croire l’ultra gauche.

La confusion est grave, car elle discrédite le système capitaliste alors qu’il est l’une des principales victimes de la kleptocratie. Elle discrédite l’épargne et la richesse légitimement gagnées, le capital productivement accumulé. La kleptocratie écrème, « front-run » à son profit les bénéfices du système économique réel. Exploite au sens marxiste, les épargnants, elle tond le vrai capital.

La confusion est entretenue parce que les grands établissements kleptocratiques font plusieurs métiers, sains, utiles, honorables, comme la gestion de fortune, d’épargne, allouent le capital en faveur des entreprises. Mais c’est l’hommage du vice à la vertu, la réalité étant que, par le biais de leurs opérations dites de marchés, par le biais de leur accès à l’argent gratuit et aux liquidités infinies des banques centrales, ces établissements sont de gigantesques hedge funds qui spéculent pour leur compte, pour celui de leurs employés et pour celui de happy few.

Il ne faut pas confondre, nous ne stigmatisons pas les banques privées, les family office, les gérants d’épargne institutionnelle, les sociétés de gestion ; non ; ce que nous critiquons et condamnant est à la fois plus vaste, en capitaux, et plus restreint en nombre de bénéficiaires.

C’est une œuvre de défense de l’intérêt public que de mettre à jour les pratiques kleptocratiques, l’alliance des Banques Centrales, la connivence des gouvernements.

C’est une œuvre de protection et de défense de l’accumulation privée du capital, du vrai capitalisme, des libertés, que de lutter contre ce qui se fait passer pour un excès du capitalisme, alors qu’il n’ est que le masque honteux du socialisme.