lundi 20 mars 2017

Le despotisme démocratique

Toute notre société et là, sous nos yeux.

L'égalité qui prime sur la liberté, l'uniformité qui nivelle tout, la servitude volontaire, la surveillance généralisée, le despotisme doux, la crainte du désordre et l'amour du bien-être.

Je vois une foule innombrable d'hommes semblables et égaux qui tournent sans repos sur eux-mêmes pour se procurer de petits et vulgaires plaisirs dont ils emplissent leur âmes.

Chacun d’ eux, retiré à l'écart, est comme étranger à la destinée de tous les autres: ses enfants et ses amis particuliers forment pour lui toute l'espèce humaine; quant au demeurant de ses concitoyens, il est à côté d’eux, mais ils ne les voit pas; il les touche et ne les sent point; il n’existe qu’en lui-même et pour lui seul, et, s’il lui reste encore une famille, on peut dire du moins qu’il n’a plus de patrie.

Alexis de Tocqueville Le despotisme démocratique