Se chercher.
Se découvrir.
Décider ce qu'on veut.
Ce qu'on peut.
Se trouver une vérité.
Ne plus se mentir.
Ne plus jouer.
Echapper à l'ennui, à la comédie.
Sortir de la clandestinité.
Se déployer, enfin, dans une activité.
Quand on se retourne,
L'existence finit par offrir une impression de déroulement.
Mais qu'on cherche à lui rendre un peu de présence, un peu de vie
Et elle vous file entre les souvenirs.
C'est que l'interminable discours intérieur s'est perdu.
La voix n'est plus la même.
Aucune chance de la restituer.
Ce personnage qui parlait, qui vous parlait vous échappe.
Il s'évanouit.
On peut bien se pencher sur l'image du disparu.
On a beau essayer de se remettre à sa place.
Tenter d'éprouver ses espoirs et ses déceptions,
De retrouver ses habitudes et ses manies,
De ressusciter ses passions et ses idées fixes,
Ses impatiences et ses craintes.
Comment s'empêcher d'appréhender son comportement
A la lumière de résultats
Qu'il ne pouvait prévoir,
De données qu'il ne pouvait connaître ?
Comment éviter d'attribuer une importance particulière à des évènements
Dont les effets, plus tard, ont pesé lourd dans sa vie
Mais qu'il a vécus, alors, avec négligence?
Comment reconstruire un instant du passé
Sans que l'avenir n'y devienne plus réel que le présent d'alors?
Quand s'avance une vie,
C'est la fin qui donne au début sa vérité.
